This is a reproduction of a library book that was digitized by Google as part of an ongoing effort to preserve the information in books and make it universally accessible. http://books.google.com ________________ A propos de ce livre Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en ligne. Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression “appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. 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[Il lui donne un baiser qu’elle se laisse ravir-J ________________ OU LA MORT DE LA SALLE. 27 M.ILA. Mais maintenant je dois vers Telle m’en aller ; C’est son heure à présent de venir te parler. Je ne veux pas ici qu'on vienne nous surprendre. [Elle sont] SCÈNE I". L A S A L L E . Oh ! pour moi qui {n’eût dit. qu’elle eût été si tendre ! Mais voici son tuteur! il semble plein d’espoir. . . . [Vient Tello; on voit Athanase et Carolier qui lui parlent ; il entre dans la tente] / SCÈNE IV. TELLO, LA SALLE. TELLO. Cher La Salle, salut ! Telle t’est venu voir, Pour t’ofl'rir en son nom, en celui des Trois Sages Qui dans le cœur du Chien lisent tous les présages, En celui des vieillards, des femmes, des guerriers, L’honneur de chasser l’Ours en nos bois de lauriers, [Il lui présente un arc.] Si, t’aidant de cet arc quele Conseil t’envoie, Ta main du premier coup fait succomber la proie, Satisfaite de toi, toute la nation, Afin de le prouver son admiration, ________________ 28 MILA Au milieu des honneurs d’une splendide fête, Perla main de Telle veut couronner ta tête. Puis, nous te donnerons, pour régner avec toi, La nièce de Telle, fille du dernier roi. Votre union eût fait le bonheur d’0utougamc. La Salle consent—il que Mila soit sa femme ? LA SALLE. Telle, mon cœur avait quelque temps balancé, Mais auprès de Mila je me suis avancé Déjà trop, pour tenter de repousser encore L’offre dont par ta voix tout un peuple m’honore. [Lui montrant une fleche .] Si ce trait, dont le daim fut tant de fois percé, Ne trahit pas un œil par toi-même exercé, Je gagnerai le prix promis à mon adresse. Ensuite, cher Telle, pour toute la tendresse «Dont envers un ami tu fais preuve aujourd’hui, Tu resteras du trône et le guide et l’appui; Car, de bien gouverner n’ayant point la science, il me faudra, Telle, la vieille expérience. TELLO. Frère, adieu ! car je dois aller tout concerter Pour les pompeux honneurs qu’il t’a plù d‘accepter. [Il sort.] ________________ OU LA MORT DE LA SALLE. 29 SCÈNE V. LA SALLE. Oh ! comme hors‘de nous l’amour nous précipite, Et comme, malgré moi, tout cela s’est fait vite ! Mon cœur n’est donc plus libre ! ila donné sa foi! Des grandeurs, de l’amour il va subir la loi! Mais, à m’y décider puisqu’ici tout conspire, Les conseils d’hommessnints en qui la Foi respire, De la belle Mile le langage charmant, Et de mon propre cœur le doux entraînement ; Puisque du Grand Tello l’admirable génie Saura dans mes Etats maintenir l’harmonie, Puisque même le ciel paraît aussi vouloir Bornerici mes pas, en m’étant tout espoir De terminer jamais ma course aventureuse; Eh bien, sachons jouir! Mon âme, sois heureuse! Amour, étoile d’or, gloire, brillant flambeau, Brûler de votre flamme est un destin si beau ! Ah! dans ces doux pensera fermons notre paupière, Jusqu’à ce que du jour écluse la lumière! FIN DU SECOND ACTE. I ________________ 30 MILA ACTE TRO[SIEME. La scène représente : d’un côté, la nef et l’autel du temple des Blancs, élevé dans les forêts par La Salle; l’autel et la nef oc cupent la moitié de la scène. De l’autre, autour du temple, des arbres, la forêt; au fond une savane. SCÈNE l. MILA, se dirigeant vers le temple, en sortant et la droite des ‘ acteurs. Voici le temple saint que le Cacique blanc A bâti dans nos bois , sous le chêne géant ! C’est ici que la voix des bons prêtres que j’aime Célèbre chaque jour leur dieu, le dieu suprême ! Atlmnase m’a dit de l’attendre en ce lieu; -‘Il m’a long—temps parlé des bontés de son dieu. De Jésus, doux auteur de la divine grâce; Il veut que dans mon cœur je l’adore à la place De mes vains Manitous trop long-temps vénérés ; Il va venir, vêtu de vêtemens sacrés, Laver mon jeune front dans une eau pure et sainte ; Puis il déposera dans mon sein plein de crainte Un céleste aliment fait exprès pour nourrir Ceux qui savent pour Dieu se soumettre et souffgir. [Le père Athanase entrc.] Voici le prêtre saint ! sur son front quel feu brille ! La grâce l’illumine ! ________________ OU LA MORT DE LA SALLE. 31 _ SCÈNE II. La PÈRE ATHANASE, MILA, LA FOULE. Le PÈRE Arnanass. Allons, ma chère fille, Voulez-vous être admise au nombre des enfants Qu’embrasse Jésus-Christ dans ses bras triomphants 7 MILA. Je veux être chrétienne. LE PÈRE ATHANASE, lui versant de l’eau sur la tête. Eh bien, Au nom du. Père, Du Fils, du Saint-Esprit, que l’antique misère Attachée à Mila par le crime d’Adam Ne soitplus! Que le Dieu tout—bon et tout-puissant Dansles sentiers du bien sans cesse vous conduise, Ma fille, et que toujours sa lumière vous luise ! ' [A la foule.] Il nous faut laisser seuls ; que l’on s’éloigne un peu ! Mila va confesser ses fautes devant Dieu. Vous pourrez approcher quand je l’aurai bénie, Si vous la voulez voir prendre la sainte hostie. [La foule s’éloigne.Ï [A Mila.] Ma fille, sur ce sol posez vos deux genoux ; Voulez-vous que Jésus, tendre, invisible époux, Contracte avec votre àmé une chaste alliance? / ________________ 3'.l MILA MILA. Oui, mon bpu père ! La PÈRE Aruanasx. Eh bien, prouvezpvotre innocence, Car Jésus n’entre point dans un cœur corrompu. Avez-vous fait le bien lorsque vous l’avez pu ? De tout mauvais penchant préservez-vous votre être 7 Avec docilité savez-vous vous soumettre, Lorsque l’ordre vous vient de plus sage que vous? Dites tous vos péchés, Mile, dites—les tous. MILA. Mon père, de Mile ’àme est—elle coupable ? Elle a fait tout le bien dont elle était capable. Mais, dis—moi, cependant, est-ce un crime d’aimer ? Hélas! d’un -feu secret je me sens consumer ! L’amour vient de renaître en mon âme cncor neuve : Hier elle pleurait, triste comme une veuve; Aujourd’hui dans mon cœur je brûle de nouveau, Comme si mon amant n’était plus au tombeau ! yL’oncle de Morangie est l’objet de mon rêve ; Cet amour à mon cœur ne laisse point de trêve; Oui, je l’aime, le ciel se mire dans ses yeux; Ainsi que son azur ils sont profondset bleus ! Dieu sans doute a connu que son âme était pure, Puisqu‘il met dans ses yeux la céleste nature! ________________ OU LA MORT DE LA SALLE. 33 LE PÈRE AfrHuAsn. Ma fille, Dieu permet un raisonnable amour. Mais c’est assez . . . [A part.] Son cœur est pur comme le jour! [ il lui donne la bénédiction ; puis il prend une hostie et la lui présente. La foule s’approche-J Ma main t’ofl're à présent le pur froment des anges Qui te préserver». de nos terrestres fanges. [Après la cérémonie, Mila se lève; la foule se retire.) Allons, ce beau guerrier cher à ta passion _ A reçu comme toi ma bénédiction ; Bientôt, Telle lui-même est venu m’en instruire, Un soleil tout—nouvezm sur nos têtes vu luire : De La Salle avec toi se prépare l’hymen, Et Cavalier tous deux vous unit ce matin. [Ils sortent-J SCÈNE I". LIOŒ‘O‘I‘, on le voit venir avec précaution derrière le thple, parmi les arbres de laforêt. Oui, j’aurai tout le.temps de bien ourdir ma trâme! Oh! qu’on me connaît mal! Elle croit, simple femme, Que je suis un enfant qui laisse le remords S’emparer de mon âme et briser ses ressorts ! Non, le remords n’est rien, si je sauve ma tête ! Rose m’apprend aussi qu’une union s’apprête ________________ 34 MILA Entre Robert La Salle et la belle Mila . . . Le nuage à présent s’amoncellerait là! La Salle veut venger la mort de Morangie ; D’en connaître l’auteur il montre tant d’envie, Que, si de l’Indienne il devenait l’époux, Je n’aurais plus d’espoir d’échapper à leur coups. Car, bien qu’elle aime mieux d’une longue vengeance Par la main du remords châtier mon offense, Mile, dans l’abandon de son nouvel amour, A La Salle dirait mon crime quelquejour .. . Et pour Mile d’ailleurs ma flamme n’est pas morte ! Pourrais—je me la voir enlever de la sorte! Ah! mon orgueil qu’on froisse et mes jours menacés, Pour me déterminer en voilà bien assez ! Oui, tout en me vengeant je préserve ma tête ! J’ai trouvé le moyeu d’écarter la tempête ! Bientôt Uncas ici doit m’amener Duhault; Son penchant à l’ivresse est son moindre défaut. Quand cet homme est en proie à la liqueur traîtresse, De répandre du sang un sourd besoin le presse. Jele connais pour tel. Il faut donc l’enivrer; Puis à de noirs soupçons aussitôt le livrer; Puis du sombre besoin d’une prompte vengeance J’assiégerai son cœur et son intelligence. Le voici! [Viennent Uncas et Duhault.] ________________ OU LA MORT DE LA SALLE. 35 sonna 1v. LIOTOT, DUHAULT, UNCAS. Lwror, à Duhaull. Ton ami veut te voir un moment. [A part.) Aisément d’une dupe on fait un instrument. [Il l’attire). part; ils disparaissent dans le bois. Uncas les m garde s’en aller avec surprise.] SCÈNE V. UNCAS, seul. Que lui veut-il ? ses yeux sont remplis d’un feu sombre! Sur lui le crime semble avoirjeté son ombre . . . On dirait qu’il médite . . . Oh! je saurai pourquoi Pour parler à ce Blanc il se cache de moi! On le voit qui approche, a la manière des Sauvages, de l’endroit où Liotot et Duhault se sont dirigés. En ce moment des chants retentisscnt, et l’on voit passer et re passer dans le lointain une procession avec tous les appareils du triomphe et de la victoire. Ces évolutions durent un certain temps ’ SUENE Vl. DUHAULT, pris d’eau-dc-feu. Oh! qu’il est bon d’avoir un ami si fidèle! Rose! . . Oh! qui l’aurait dit! Je sais bien qu‘elle est belle; Je sais que son regard peut inspirer l’amour . . . Mais toujours elle sut me payer de retour! ________________ 36 ‘ MIL A Cependant Liotot m’afl‘irmo . . . Oh! c’est infâme! User de son pouvoir pour m’enlever ma femme! l’erfides! c’en est fait! Oui, dans le sang je veux Me laver sans retard d’un -afl‘ront trop honteux! [Uncns reparait; Duhault se retire-J SCÈNE Vil. UNCAS, seul. Où donc tr0uver Miln dans ce moment suprême! Vainement je la cherche; ah ! ma crainte est extrême! J’ai su les épier . . . Quelque attentat secret Contre elle se prépare au sein de la forêt . . . J’ignore ce que c’est, mais il faut, sans rien dire, Quej’aille voir Mile; de toutje dois l’instruire. Seule elle doit savoir ce que mes yeux ont vu ; D’autres me trahiraient; Uncas bientôt connu Pour servir à la fois des intérêts contraires Subirait tôt ou tard d’implacables colères . . . Ah ! de la rencontrer dois—je perdre l’espoir ? [Après un moment de réflexion.] Hélas! oui, j’oubliais! nul ne saurait la voir! Au sein de 'nos tribus un redoutable usage Dèfend qu’une heure avant le sacré mariage Un homme sur la vierge ose porter les yeux, Jusqu’au moment suprême où se forment les nœuds! \ ________________ OU LA MORT DE LA‘SALLE. 37 Si je voyais Telle! mais du dernier mystère C’est lui qui maintenant règle la pompe austère; Le Soleil Blanc lui-même est dans ce temple saint, Et célèbre ce Dieu qu’on reçoit dans son sein. Lui, l’ami de Telle, lui que Telle destine‘ A ceindre dans nos bois la couronne divine, Sans doute il aurait su plus tard me protéger. Ah! je suis menacé par un double danger! Voir Mila, c’est courir à ma perte certaine : De qui l’oserait voir la mort serait la peine; Et ne point accomplir ce que j’avais promis, Ne la point prévenir de complots ennemis, C’est m’exposer encore à sa haine royale! Oh ! de ma trahison suite horrible et fatale ! [On entend de nouveau des chants et la procession semble ap procher du lieu de la scène.] Mais qu‘entends—je! déjà l’inn0mbrable concours A parcouru nos bois en ses mille détours ', Sous ces portiques saints à se rehdre il s’apprête, Pour unir les époux et célébrer la fête ! [Arrive le concours] SCÈNE Vlll. GUERRIERS, FEMMES, VIEILLARDS. ' Tour LE CHŒUR. Chantons, en ce jour d’allégmssc. Et le tendre amour et l’honneur! ________________ 38 MILA Autour d’eux que chacun s’empresse, Appelons sur eux le bonheur ! Les GUERRIERS. La Salle d’une immense gloire Dans nos bois sacrés s’est couvert! Ornons son front du chêne-vert, Pour digne prix de sa victoire, Ornons son front du chêne-vert ! Las FEMMES. Et, pour parfumer sa couronne, Accord0ns—lui, selon son cœur, Mila, rouge et charmante fleur, Héritière du sacré trône, Mila, rouge et charmante fleur ! Les VIEILLARDS. En lui la prudence réside, En lui. règne l’humanité ! Elle, son front pur et candide Atteste sa virginité, Atteste sa virginité! TOUT LE CHŒUR. Chantons, en ce jour d’allégresse, Et le tendre amour et l’honneur! Autour d’eux que chacun s’empresse, Appelons sur eux le bonheur! ________________ OU LA MORT DE LA SALLE. 39 Durant ces chants et aux sons éclatants d’une musique guer rière, qui frappejoyeusement les airs après chaque str0phc, en dis pose tout pour la cérémonie. Un chariot dêp05e lesjongleurs, les dignitaires, les membres du Grand—Conseil. D’autres déposent les riches ornemens et appareils de la fête, des guirlandes de fleurs et de feuillage, des sièges recouverts de peaux de tigre et de daim; des tables de cèdre, des vases d’or. Autour de l’Ours sucré, tué par La Salle, d’immenses quartiers de chair sanglante sont exposés à l’ardeur de feux de cèdre allumés de distance en distance. Des entres pleines d’huiles précieuses sont suspendues à. des branches d’arbre tout le long des tables. Des fruits variés, des oiseaux de divers plumage qu’on se hâte de dépouiller, des gâteaux de mais de couleur dorée, &c., &c. Quand les chants ont cessé et que tout est prêt, les portes du temple s’ouvrent de tous côtés pour y laisser pénétrer les regards de la foule avide et curieuse. On voit, près de l’autel, Mila, rayon nante d’une beauté céleste, assise sur un siège d’or, a la droite de Telle; Cavelier et Athunase sont au côté opposé de l’autel et attendent; alors, SCÈNE IX| \ MILA, TELLO, L'ABBË CAVELIER, La PÈRE ATHANASE, ROSE, UNCAS, L’ASSEMBLÉE. TELLO, d l’assemblée. La Salle va bientôt se montrer à vos yeux! [En ce moment une détonation se fait entendre et d’horribles clameurs frappent les airs dans le voisinage de la scène.] TELLO. Mais qu’annonce un tel bruit? Qui trouble, ô justes dieux! La pompe des honneurs que pour lui l’on prépare? ________________ 40 MILA Un OFFICIER. Des auteurs de ces cris qu’à l’instant l’on s’empare! [Le peuple s’émeut; on court, on s’agite; enfin l’on voit arriver des guerriers qui se sont saisis de Duhault et l’amènent] UN GUERRIER BLANC. Prêtres, femmes, guerriers, peuple, écoutez ma voix! La Salle vient hélas! d’expirer dans ce bois ! l\ÏILA. ' Ah! [Elle tombe évanouie dans les bras de Rose et des femmes indiennes qui fument sa suite.] TELLO, au guerrier. Parle! LA MÊME vorx. Des soldats qui composent sa troupe Il venait entouré, quand, soudain, de ce groupe Un homme, le voici! [Montrant Duhault.] Possédé d’eau—de-feu, Terrible, blasphémant le nom sacré de Dieu, Sort, et, d’un coup trop prompt, fait rouler sous la balle Le corps ensanglanté du malheureux La Salle! [Un long gémissement accueille cette nouvelle] TELLO, avec douléur. Soldat blanc, dis—tu vrai? quoi! La Salle n’est plus! Il aperçoit le corps que l’on apporte couvert d’un vêtement de lin et se précipitant sur lui: ________________ OU LA MORT DE LA SALLE. 41 Ami trop malheureux! LE PÈRE ATHANASE, après un silence morne. 0 regrets superflus! [Mila revient alors à elle.] Le PÈRE ATHANASE, d Carel1‘er. Mais qu’un spectacle affreux n’afflige pas la vue De notre pauvre fille! A ses sens revenue, Ah! laissons-la pleurer! Un cortège pieux Va conduire le corps là-bas, loin de ses yeux. [Mila pleure et sanglolte.] L’ABBË CAVELIER. 0 mon Dieu! que ce coup m’est cruel et terrible ! TELLO. Quel est son assassin? Approche, monstre horrible! A ce crime, réponds, quel motif t’a porté? DUHAULT. De séduire ma femme il eut la lâcheté! Sous mon bras indigné qu’à son tour elle tombe ! Oui, qu’elle aille l’aimer dans l’horreur de la tombe ! [Il se précipite sur Rose pour la frapper, mais on l’arrête] 4 Rose. Que mon sort est affreux! DUHAULT. Mon ami le plus cher, Liotot, fut tén ')in de ton crime d’enfer! ________________ 42 . M I’L'A Rose. Liotot! MILA, se levant comme une lionne en furie. “Que dit-il! quel nom est dans sa bouche! Il croit à l’amitié de ce tigre farouche ! Ah ! que je dise enfin ce que lui-même a fait! La mort de Morangie est son premier forfait, Et, dans le nouveau coup qui vient frapper mon âme, Ah ! je reconnais trop sa main, sa main infâme! TELLO. De Rose qu’on produise ici l’accusateur! PLUSIEURS vo1x. Liotot est absent! TELLO. Oh! le lâche imposteur ! Qu’à l’instant trois guerriers s’élancent sur sa trace, Et l’amènent lié! Ce soir, à cette place, Sur le cadre de feu nous brûlerons leur chair, Et de leur souffle impur nous nettoierons notre air! UNCAS se présentant. Je sais dans les forêts sa profonde retraite; Bientôt il sera pris ; j’en réponds sur ma tête! MILA, en pleurs. J’ai cru que mon amant m’avait été rendu, Que du ciel pour m’aimer il était descendu; ________________ OU LA MORT DE LA SALLE. 43 Hélas! je me trompais : vers la voûte étoilée L’ombre de mon amant s’est encore envolée ! . . . FIN DU DERNIER ACTE. ________________ ________________ ________________ ________________ ________________