Toutes les aifaires étaient suspendues en Louisiane, une seule grande et unique pensée absorbait les esprits : La guerre. Les cœurs étaient brûlants de patriotisme, et dans cette lutte inégale où tout était à créer, la générosité des habitants suppléa à tout, se manifesta sous toutes les formes, en dons volontairejs d'argent, de vêtements, de munitions pour l'armée.

Une grande activité régnait pour la défense 1862 de l'Etat ; on savait toute l'importance que le gouvernement fédéral attachait à l'ouverture du Mississippi. Le fort Jackson, sur lé côté Ouest du fleuve et le fort St-Philippe sur le côté Est étaient tous deux fortifiés d'une

manière supérieure ; ils semblaient pouvoir défier tous les efforts de l'armée fédérale 5 leurs défenseurs étaient commandés par des officiers de talent ayant appartenu à l'armée des Etats-Unis. Le fort Jackson, par J. E. Duncan avec 1500 hommes, le fort St.-Philippe, par le colonel Higgins avec des forces inférieures.

Le gouvernement fédéral résolut de s'emparer de la Nouvelle-Orléans au printemps de 1862. Elle devait être attaquée par des troupes de terre et de mer. La flotte commandée par le capitaine Farragut était de 47 vaisseaux, 18 st^am gunboats et 24 schooners. Les forces de terre, commandées par le général B. Butler, avocat du Massachusetts, étaient de 15,000 hommes.

Le général Butler avait cantonné ses troupes à l'île aux Vaisseaux pendant que Farragut se préparait à remonter le fleuve. Les forts furent attaqués le 18 Avril 1862, pendant six jours ils subirent un terrible bombardement qui ne put les réduire. Alors Farragut résolut de passer les forts avec sa flotte. Les confédérés avaient uni les deux rives du fleuve avec une chaîne de fer, déplus ils avaient une flotille composée de deux béliers, le Manassas et le Louimana^ et de 14 gunboats, mais d'une

force bien inférieure à ceux des Fédéi'aux 5 la plupart étant de simples bateaux qui naviguaient autrefois sur le fleuve.

Pour détourner l'attention des Confédérés, les Fédéraux ouvrirent un feu violent sur le fort Jackson, puis ils attaquèrent le cable et la flotille, qui se défendirent bravement. Les deux béliers, le Manassas et le Louisiana^ fti-rent détruits pendant l'action, et malgré l'héroïque défense des Confédérés, la flotte fédérale franchit les forts, et le 26 Avril elle jetait l'ancre devant la ^Nouvelle-Orléans. Le 30 du même mois, le général Butler, à la tête de son année, prenait possession de la ville.

Lorsque l'armée fédérale s'empara de la Nouvelle-Orléans, une inexprimable confusion régnait dans cette malheureuse cité. Les Loui-sianais, répondant à l'appel du général Beau-regard, s'étaient rendus dans l'Ouest où une nombreuse armée menaçait la Louisiane. La Aille était donc dépourvue de défenseurs. Cette population de femmes, d'enfants, de vieillards, se trouvant à la merci du vainqueur, le général confédéré, Mansfield Lovell, qui commandait le département de la Louisiane depuis le 18 Octobre 1861, ne voulut point tenter une vaine résistance qui n'aurait con-

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tribué qu'à aggraver les maux qui iiieiiaçaient les habitants. Mais avant de quitter la ville il voulut détruire toutes les marchandises et les munitions de guerre qui auraient pu tomber entre les mains des Fédéraux. Plus de 1500 balles de coton, plusieurs navires chargés de coton, quinze à vingt steamboats sur le fleuve, un magnifique bélier, le Mississippi^ qui n'était point encore terminé, furent livrés aux flammes.

Le 28 Avril, les forts ne voulant point prolonger une défense devenue inutile, s'étaient rendus au commodore Porter. Les canonnières fédérales remontant le fleuve s'emparèrent de Bâton-Eouge.

Cependant les Louisianais, malgré l'échec que leur avait causé la perte de la Nouvelle-Orléans, n'avaient point abandonné la défense de leur Etat. Ils résolurent de reprendre Bâton-Rouge. Ils attendirent, pour l'attaquer, l'aide d'un bélier d'une force extraordinaire, que l'on construisait dans la rivière Rouge. Le général Breckinridge, commandant des forces confédérées, ayant reçu avis que VArJcan-sas était prêt à le seconder, quitta le 5 Août, au matin, la rivière Amite, et s'avança vers l'armée fédérale. La bataille s'engagea, les forces

rONFEDERKE. K^O

confédérées étaient fort inférieures à celles de leurs ennemis, mais Breckinridge comptait sur l'aide de VA^-kansas. Toute la journée il attendit vainement le signal du canon.

UArkansas s'apprêtait à tenir sa promesse, mais en sortant de la rivière Rouge, il avait eu à soutenir* un combat contre les gunboats fédéraux, Ses machines furent gravement a vallées, et lorsque ses officiers, entendant le <^anon des Confé<lérés, voulurent tenir leur promesse et leur venir en aide, l'ingénieur dé-(tlara que les machines étaient hors de service et ne pouvaient être réparées. Les officiers désespérés, ne voulant point l'abandonner aux Fédéraux, y mirent le feu.

Les Confédérés remportèrent sur les forces fédérales une victoire signalée, mais elle ne ])ut être décisive par le man(iue d'action de V Aria usait. Les Fédéraux avaient subi de grandes pertes, le général de brigade, Thomas Williams, fut tué pendant l'action.

Peu de temps ai>rès les Fédéraux reprirent Bâton-Kouge, puis ils tournèrent leurs armes vers le sud de la Louisiane. Au mois d'Octobre ils partirent de la Xouvelle-Orléans sous les ordres du général Weitzel, pour s'emparer de la i)aroisse de Lafourche ; ils rencontrèrent

les Confédérés à Labadieville, à 14 milles de Thibodeaiix, et après quelques engagements les Confédérés, voyant que leurs forces étaient par trop inférieures à celles de leurs adversaires, se décidèrent à retraiter, et laissèrent les Fédéraux maîtres du pays. 18fl3 Le 1er Janvier 1863, le président Lincoln lança la fameuse proclamation qui abolissait l'esclavage.

Le 14 AvrU 1863, une importante bataille eut lieu dans la paroisse Sainte-Marie, près de Franklin; cette bataille est connue sous le nom de " Bisland,'' du nom de Tendroit oii les Confédérés étaient campés. Les troupes fédérales étaient de 18,000 hommes, celles des Confédérés de 1500. Celles-ci étaient commandées par le général Alfred Mouton, un des plus braves fils de la Louisiane. Les fédéraux étaient sous les ordres de P. Nathaniel Banks, qui avait succédé à Benjamin Butler. Dans (îette campagne, ces derniers perdirent 4,000 tués ou blesses; les Confédérés se conduisirent en héros devant des forces si supérieures, mais malgré leurs succès ils fiirent obligés de retraiter sur Alexandrie.

Le plan des Fédéraux pour Pouverture du Mississip])i finit par réussir. Yicksburg, après

une résistance qui a rendu son nom fameux dans l'histoire, se rendit le 4 Juillet 1863. Quatre jours après, Port-Hud8on,en Louisiane, à la suite d'une héroïque défense se rendit au général Banks. L'armée de ce général consistait en grande partie d'hommes de couleur. Plus de 50,000 Africains étaient sous le drapeau des Etats-Unis depuis la proclamation du président Lincoln.

L'année 1864 vit deux gouverneurs en Louisiane. Le 22 Février 1864 les partisans de l'Union ayant nommé Michaël Hahn, il devint gouverneur pour la partie de la Louisiane qui se trouvait sous la domination des Fédéraux.

Le 3 Mars de la même année, le général 18C4 Allen fiit nommé par le peuple, et son autorité reconnue au-dessus de la îTouvelle-Orléans et des lignes fédérales.

Le général Allen était entré comme colonel dans le 4me régiment de la Louisiane. Il gagna son avancement par des services répétés. Les soldats avaient en lui la plus grande confiance et l'auraient suivi partout. H fut gravement blessé à l'attaque de Bâton-Eouge, mais il fut heureusement sauvé, et servit encore noblement la cause confédérée. Il méritait bien la confiance que le peuple avait placée en lui en

le nommant gouverneur dans les circonstances difficiles où se trouvait l'Etat, car jamais la Louisiane n'eut un plus noble défenseur de ses droits que Henry Watkins Allen.

Au printemps de l'année 1864, le général Banks entreprit une expédition ayant pour but d'envahir la vallée de la rivière Eouge et surtout de s'emparer de Shrevejwrt, siège du gouvernement confédéré.

A cet effet il forma trois corps d'armée qui, réunis, représentaient un total de 45,00() hommes et une flottille de 00 canonnières et trans-X>orts.

Banks se mit à la tête de son preiuier corps et se dirigea vers le point central, Shreveport, en suivant lé bayou Têche. Le 2me corps, sous les ordres du général A. J. Smith, débarqua à l'embouchure de la rivière Rouge. 11 s'empara du fort de Russy et le 16 Mars il entra à Alexandrie, où le général Banks le rejoignit avec son cori)S d'armée. Le troisième corps s'était réuni à Camden, Arkansas, sous les ordres du général Steele, et avait reçu l'ordre de marcher vers le Sud.

Pour arrêter cette nombreuse armée, le général confédéré Kirby Smith, commandant en (^hef des déi)artements de la Ijouisiane, du

Texas et de l'Arkaiisas, avait fort peu de troupes, et pourtant le territoire dont la garde lui était remise était très vaste. Il confia au général Eichard Taylor, fils de l'ex-Président Za<3hary Taylor, le soin de s'opposer à Tavance des deux corps fédéraux, sous les ordres du général Banks, pendant que lui surveillerait celui du général Steele, afin de prévenir une jonction de ces deux généraux.

Le général Taylor n'avait qu'une faible troupe à opposer aux deux corps d'armée du général Banks, aussi fut-il obligé de se retirer graduellement devant celui-ci, afin de concentrer ses forces avant de lui livrer bataille.

Enfin, lorsqu'il fiit à un quart de mille de Mansfield, petit village situé entre Natchi-toches et Shreveport, et comme il avait réussi à concentrer 9,000 hommes, il se décida à mettre un terme à l'envahissement de son Etat, et le 8 Avril eut lieu la bataille de Mansfield. Les Fédéraux furent complètement défaits, et se retirèrent à Pleasant Hill, endroit situé à 15 milles du champ de bataille, où ils reçurent des renforts.

Les Confédérés les poursuivirent rapidement, exaltés de leur première victoire, quoi-

qu'elle leur eût coûté bien cher, par la pert^îdu général Alfred Mouton, qui fut tué dans cette glorieuse journée. Un second combat eut lieu à Pleasant Hill, la victoire fut vivement disputée des deux côtés 5 les Confédérés furent tenus en échec par la division du général A. J. Smith, ce qui permit à l'armée fédérale exténuée d'atteindre la rivière Bouge, après avoir subi une perte de 3,000 hommes et de vingt pièces d'artillerie. La flotte qui s'était dirigée vers Shreveport, en apprenant ces nouvelles, rebroussa chemin et dans sa retraite essuya le feu des batteries confédérées et des guérillas. £n approchant des rapides près d'Alexandrie, Porter vit que la rivière avait tellement baissé que ses canonnières ne pouvaient les franchir. La flotte fut tirée de cette position périlleuse par le lieutenant-colonel Bayley. Cet officier construisit une écluse qui souleva assez les eaux pour permettre aux bateaux de franchir ces rapides.

Le général Steele, qui devait opérer dans l'attaque contre Shreveport, avec un corps d'armée venant de l'Arkansas, fut obligé, à cause des revers de Banks, de retraiter sur 1

Little Rock. Il parvint à atteindre cette ville, bien qu'il eût été sur toute la route harassé

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par les Confédérés et qu'il eût subi des pertes considérables.

De graves événements avaient lieu pendant ce temps dans les autres Etats confédérés, et décidaient du sort de la Louisiane.

Après une lutte gigantesque de quatre années, après avoir déployé des talents militaires, un courage, une persévérance dont jamais aucune nation n'a oifert un plus mémorable exemple, le peuple du Sud se sentit vaincu, écrasé par le nombre, et après un dernier effort, après une lutte suprême où 40,000 hommes tinrent se briser contre 400,000, le général Robert Lee rendit sa noble épée. La cause confédérée était perdue, mais elle tombait du moins glorieusement, dans une véritable apothéose !

Les autres généraux du Sud suivirent l'exemple de Lee. Le 4 Mai, le général Richard Taylor se rendit au général Canby avec ses troupes et munitiojis de guerre, pour le département de l'Alabama, du Mississippi et de l'Ouest de la Louisiane. Le général Kirby Smith, dans le département du trahs-Missis-sippi, se rendit le 26 Mai seulement. Le gouverneur Allen, ne voulant i)as être témoin de

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l'asservissement de son Etat, se retira au Mexique oîi il mourut deux mois après.

Je ne voudrais point, mes enfants, par Fénu-mération des événements qui ont suivi la prise de la Louisiane, élever dans vos jeunes cœurs des sentiments de haine contre ceux qui ont méconnu envers votre Etat tous les droits de la justice et de l'humanité, je devrais donc déposer ici la plume. Cependant il est une date glorieuse, qui éclaire d'une lumière si pure l'avenir de la Louisiane, que je me fais un devoir et un plaisir d'écrire encore quelques lignes pour vous offrir en exemple cette mémorable journée du 14 Septembre 1874.

Après avoir supporté la spoliation, la fraude électorale, l'asservissement, aussi loin que la dignité humaine pouvait le permettre, le peuple Louisianais revendiqua, le 14 Septembre 1874, ses droits de peuple libre, les armes à la nlain, et jamais mouvement populaire ne fut plus légitime. Tout espoir était perdu d'obtenir des élections libres, et lorsqu'il fut bien avéré que le but de l'usurpateur Kellogg était de priver les blancs de l'Etat de la Louisiane du droit de porter des armes, le peuple s'assembla en masse, le matin du 14 Septembre, et à ce meeting le plus nombreux et le plus

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respectable qui ait jamais été, des résolutions condamnant les injustices dont le peuple souffrait furent adoptées, et un comité de citoyens fut nommé pour aller trouver William Pitt Kellogg et demander sa démission. A midi et demi, le comité se rendit à la maison d'Etat pour voir Kellogg ; il avait fdi à la Douane à l'abri des baïonnettes fédérales. C'est de cette quàsi-forteresse qu'il fit répondre au comité qu'il ne pouvait traiter avec lui.

Le comité fit son rapport, et instantanément les citoyens se levèrent en masse.

Déjà dans les magasins des armes avaient été saisies, et il y avait dans le fleuve un steamer stationné vis-à-vis le troisième pré-cinct et chargé d'armes et de munitions. La police métropolitaine empêcha les propriétaires de ces armes d'en prendre possession. Alors les citoyens se rendirent sur la levée pour s'emparer de ce qui leur appartenait. A la tête de la rue du Canal, les métropolitains, commandés par le général Longstreet, les attaquèrent. Les citoyens construisirent, à l'aide des chars urbains et de pavés, des barricades formidables, à l'extrémité des rues qui débouchent sur la rue du Canal. Les métropolitains s'avancèrent croyant avoir facilement raison

d'un peuple à peine armé; mais cette garde si longtemps une menace pour les citoyens, fut en un instant repoussé et mise hors de combat ; on lui prit ses canops, qui furent retournés contre elle. Elle s'enfuit laissant ses morts et ses blessés parmi lesquels était le général Badger, et elle chercha refuge à la Douane où elle trouva protection sous les i)lis du drapeau américain.

Mais cette victoire du peuple était chèrement payée par la perte de plusieurs braves citoyens qui avaient donné leur vie pour une si juste cause, aussi leur souvenir reste gravé dans tous les cœurs Louisianais ; et voici les noms de ces martyrs de la liberté : Gourdain, Gautier, Tolédano, Brulard, Bozonier, Gravai, West, Lindsay, Newman, Eobbins, Morhman.

Le gouvernement légal, choisi par le x)euple, entra en fonctions au milieu de la réjouissance générale. Une ère de paix et de bonheur semblait, après ces généreux sacrifices, devoir s'ouvrir pour la Louisiane ; mais, hélas ! cette espérance fut de courte durée, une proclamation du président Grant vint replacer la Louisiane sous le joug radical.

Mais cette héroïque conduite des Louisianais avait provoqué dans le Nord une salutaire ré-

action contre le radicalisme, et le triomphe de la démocratie vint arrêter les funestes progrès d'un parti hostile à la liberté. En combattant pour les droits de leur Etat, les Louisianais avait aussi combattu pour les droits sacrés de tous les Etats de l'Union américaine.

Que de nobles dévouements, que de noms glorieux nous oôre, mes enfants, l'histoire de la Louisiane. A côté des noms de ces premiers martyrs Louisianais qui furent les victimes d'Oreilly, plaçons ceux des héros du 14 Se]>-tembre, et que ces noms soient donnés en exemple aux générations futures. N'oublions l)oint ces illustres fils de la Louisiane qui sont: Beauregard, Hayes, Allen, Taylor, Mouton, et tous ces braves soldats qui ont donné si noblement leur vie pour la défense de leur Etat.

Au souvenir de tous ces héroïsmes, de tous ces dévouements, nous croyons que l'espérance eu un avenir meilleur ne nous est point interdite. Vous, mes enfants, vous qui représentez l'avenir, vous avez une noble et saintfe tâche à remplir, c'est de rendre à la Louisiane sa grandeur passée. C'est entre vos jeunes mains que doivent être son avenir, ses destinées ; c'est par vos talents, vos vertus qu'elle doit devenir glorieuse et illustre. Car la gran-

deur d'une nation, ne l'oubliez pas, se mesure bien plus par la valeur intellectuelle et morale de ses citoyens, que par l'étendue de son territoire, ou par ses richesses matérielles. Puis-siez-vous tous, mes chers enfants, contribuer 1

à la rendre pour toujours libre, glorieuse, prospère.

GÉOGRAPHIE DE LA LOUISIANE. 151

GÊOGEAPHIB DE LA LOUISIAÎ^E.

La Louisiane, Etat de la confédération des Etats-Unis d'Amérique, située par le 33° degré latitude Nord et le 88° 5(y et le 94° 20' de longitude Ouest, est bornée au î^ord par les Etats de l'Arkansas et le Mississippi, au Sud par le golfe du Mexique, à l'Ouest,. par l'Etat du Texas. Se plus grande longueur est de 292 milles et sa plus grande largeur de 250; sa superficie de 46,431 milles carrés.

La Louisiane comme tous les Etats de l'Amérique du î^ord a vu sa population s'accroître en peu d'années dans de grandes proportions. En 1830, elle n'avait que 215,000 habitants, en 1850 elle atteignait le chiffre de 520,000. Elle compte aujourd'hui 1 million d'habitants. Une

partie de son territoire, celle qui se trouve à rOuest du Mississipi^ est montagneuse. Dans la partie Nord-Ouest, le sol arrosé par plusieurs bras de la rivière Rouge, qui y forme une série de petits lacs, est souvent submergé et reste marécageux. Dans la partie Sud on trouve de vastes prairies aboutissant aux marécages qui bordent le golfe du Mexique et des pinières dont le sol n'est propre à aucune culture, mais le long des courants d'eau les terres sont d'une extrême fertilité.

Cette contrée fut découverte par Hernando de Soto en 1541 et colonisée par les Français en 1682. Ils donnèrent à la vallée du Mississippi le nom de Louisiane et l'on étendit cette région, par ignorance de la géographie, depuis le golfe du Mexique jusqu'aux montagnes Rocheuses et sur les rivages de l'Océan Pacifique.

D'innombrables rivières arrosent la Louisiane, la plupart sont tributaires du grand fleuve qui la traverse dans toute son étendue. Le Mississippi n'est pas moins remarquable par sa longueur et sa profondeur que paria rapidité de son cours. La vitesse du courant est de 4 milles à l'heure. Le fleuve commence à croître dans le mois de Janvier, et continue

à grossir jusqu'au mois de Mai ; il reste dans cet état pendant Juin et Juillet, puis il commence à diminuer jusqu'en Septembre et Octobre, époque où il est au niveau le plus bas.

Le delta du Mississippi, composé d'un terrain léger limoneux ou sablonneux, sans pierres ni roches quelconques, est, en beaucoup d'endroits, d'un niveau inférieur à celui du fleuve ; des digues de terre appelées levées ont été construites de chaque côté du fleuve. Il arrive parfois que les eaux passent à travers ces digues et détruisent une quantité de propriétés. Cette circonstance semblerait menacer la basse Louisiane, à chaque crue des eaux, d'une destruction inévitable ; mais le sol ayant une pente continuelle quoique insensible vers la mer, les eaux du fleiîve, après avoir franchi leurs barrières, trouvent de toutes parts un écoulement facile. Les nombreux canaux que le fleuve se creuse à travers un terrain couvert de mille arbustes varient d'année en année et formen:t un labyrinthe d'eau et de bosquets qu'aucune carte ne saurait retracer.

Le bas du Mississippi n'est pas toujours navigable à son embouchure à cause de la grande quantité de boue et de sables qui y est amassée par le courant ; cet amas ne laisse de

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navigable que quelques endroits appelés passes ; dans ces différentes passes on remarque une espèce de barre sujette à de constants changements. Pour remédier à cet inconvénient fort nuisible au commerce, déjà en 1839 1 le congrès avait ordonné des travaux de nettoyage qui n'eurent aucun succès, mais il y a quelques années, le capitaine Eads a exécuté un travail dont le succès semble assuré. Cette construction a reçu le nom de jetées; ces jetées se composent de deux rangs de piquets enfoncés dans la boue à 12 pieds de distance. Ces rangées sont retenues solidement en dedans et sont remplies de petits saules enlacés nommés matelas, elles forment ainsi des rives artificielles qui, retenant Peau dans un plus petit espace, forment un courant très rapide qui emporte la boue et le sable au loin dans le golfe.

Près de la passe du Sud-Est, il y a un village appelé la Balize, du mot espagnol Valisa^ qui signifie phare. C'est le plus triste endroit qu'on puisse imaginer. Ce village est pour ainsi dire sous-marin: il est au-dessous des eaux du fleuve et de la mer ; du point central , ^

s'élève une sorte d'observatoire, d'oti la vue s'étend au loin, d'un côté sur un marais sans

fin, de l'autre sur plusieurs passes et un grand nombre de bayous, sortes de canaux naturels qui serpentent au milieu des marécages. Il y a en tout une vingtaine de maisons bâties sur pilotis ; on communique de l'une à l'autre au moyen de planches ou de troncs d'arbres jetés sur. la vase et sur l'eau.

L'Etat de la Louisiane n'est point entièrement cultivé, une partie est encore couverte de forêts, mais grâce aux facilités que présentent les nombreuses voies ferrées qui le sillonnent de toutes parts, bientôt ces forêts inexplorées auront fait place à des villages, à des campagnes oti fleuriront la canne à sucre et le coton.

Les productions des latitudes septentrionales et méridionales y fleurissent les unes à côté des autres et l'on voit rarement ailleurs un mélange plus agréable d'arbres, de plantes et d'arbustes. Les pins, les chênes toujours verts, les platsînes et au-dessus de.tous ces végétaux le superbe magnolia dont les magnifiques fleurs du blanc le plus pur se détachent sur un feuillage d'un vert obscur, forment les plus belles forêts de l'univers. Dans les labyrinthes naturels que présentent ces forêts marécageuses on découvre quelquefois de

petits lacs, des clairières qui forment de délicieuses retraites. On y avance sous une voûte de vignes sauvages parmi les lianes rampantes qui vous enlacent d'un filet de fleurs, mais les insectes incommodes voltigent autour de vous, le serpent à sonnettes agite ses terribles anneaux; les bayous, les lacs recèlent de monstrueux crocodiles, le chat-tigre fait entendre ses cris discordants.

Heureusement, en opposition à ces hôtes incommodes, le chevreuil, l'écureuil-volant, la dinde sauvage, la bécassine, la perdrix peuplent les forêts. Les jardins retentissent du chant délicieux de Poiseau moqueur; les oiseaux de la Louisiane sont peut-être ceux qui se distinguent le plus par l'éclat des couleurs dont la nature a revêtu leur plumage. Dans les savanes, vastes plaines de verdure qui se déroulent à perte de vue, et qui semblent monter vers le ciel, errent d'immenses troupeaux de bœufs et de chevaux. Beaucoup d'habitants ne doivent leur aisance qu'à ce genre de propriété, qui parait d'un revenu plus sûr qu'aucun autre.

Tous les arbres fruitiers de l'Europe y ont été naturalisés ; les orangers, les bananiers y éprouvent rarement les atteintes du froid. La

canne à sucre, le coton, le riz, le maïs sont la source d'un immense commerce. Les environs de Natchitoches produisent d'excellent tabac. La cire végétale (Cyrea myrifica) croit naturellement sur les côtes nord du lac Pont-chartrain; cette cire dont l'exploitation est maintenant abandonnée fut, du temps des colons français, l'objet d'un assez grand commerce, le gouvernement la payant de dix à douze sous la livre.

La Louisiane possède des mines de charbon de terre, de soufre, de sel gemme. On y trouve également du fer, de l'ocre, des sources salines et des argiles propres à la fabrique des poteries, des briques. On a découvert sur la partie septentrionale du côté de l'Arkansas, 70 sources thermales dont la plus chaude est à la température de 82 degrés du thermomètre centigrade.

Gouvernement. —La Louisiane est adminis-tréepar un gouverneur élu pour quatre années. Un lieutenant-gouverneur président de droit du sénat, qui se compose de trente-deux membres élus par le peuple pour une période de 4 ans. D'un secrétaire d'Etat, d'un avocat général, d'un auditeur d'Etat, d'un trésorier

d'Etat et d'un surintendant des écoles publiques, élus également pour 4 ans.

Le département judiciaire comprend: une cour suprême, un chef de justice et 4 associés nommés pour huit ans.

Education. — L'instruction publique est en Louisiane comme dans tous les Etats-Unis, l'objet d'une sollicitude spéciale. Un surintendant élu par le peuple est chargé de la surveillance et de l'organisation des écoles.

En 1850 la Louisiane comptait 675 écoles ; en 1860 leur nombre était de 1,120, elles étaient fréquentées par près de 50,000 enfants. En 1852, fut créée une école de droit et une de médecine.

Religion. —La Louisiane est le pays par excellence de la tolérance religieuse, tous les cultes y sont représentés : on y voit des Presbytériens, des Baptistes, des Méthodistes, des Episcopaux, des Juifs, des chrétiens Grecs, des Catholiques Eomains. On y entend prêcher en plein air les religions les plus extravagantes écloses dans la cervelle du premier venu sans qu'aucun des habitants trouve cela étrange et cherche à s'y opposer comme on pourrait le faire en Europe.

Industrie. —I/agriculture constituait il y a vingt ans le seul revenu de la Louisiane, mais aujourd'hui d'importantes manufactures s'élèvent dans son sein et lui promettent une nouvelle source de richeses, au nombre de ces dernières nous devons signaler les fabriques d'huile de coton dont cinq sont établies à la Kouvelle-Orléans.

Mœurs. —^Bien que de fréquents mélanges de race aient eu lieu en Louisiane entre les Français, les Espagnols, les Américains, la différence de caractère est considérable entre les Louisianais et celui des habitants des autres Etats de l'Amérique du Nord. On sait, par exemple, que les Américains se montrent scrupuleux observateurs du repos du Dimanche 5 les Louisianais n'ont point accepté cette règle puritaine et le jour du Seigneur est pour eux moins un jour de repos qu'un jour de plaisir. L'Anglais est devenu la langue ofS-cielle, mais le Français est encore aujourd'hui la langue de la société.

Villes Principales. —La Kouvelle-Orléans, destinée à devenir un jour l'Alexandrie de cette nouvelle Egypte, voit s'accroître chaque jour le nombre de ses habitants, l'étendue de

son commerce, la splendeur et l'élégance de ses nouvelles habitations. C'est aujourd'hui une ville de 200,000 habitairts. Sa position avantageuse assure sa prospérité future ; ses magasins sont brillants, ses rues fort animées. Mais c'est sur la levée qu'on peut se faire une idée du commerce immense de la métropole de la Louisiane. ï)e nombreux bateaux à vapeur arrivent, débarquent leurs marchandises, chargent et repartent sans interruption. Depuis l'extrémité occidentale oti sont rangés les steamboats, puis les navires, jusqu'au marché français, c'est une affluence de vingt nations, une variété incroyable de langages et de costumes. Le quartier américain renferme de superbes maisons de résidence, de vastes magasins, des entrepôts. Dans le quartier français on trouve des rues étroites et de vieilles maisons ornées de corniches et de balcons qui indiquent leur origine française ou espagnole. On y remarque plusieurs beaux édifices; la Douane, le plus vaste monument du Sud, la cathédrale fondée en 1796 par Don André Al-monaster, un magnifique hôpital de charité, un hôtel des monnaies, plusieurs théâtres, et divers établissements d'instruction et d'utilité publique. La Nouvelle-Orléans est le siège

d'un archevêché, elle possède outre la cathédrale plusieurs belles églises catholiques, telles que St.-Patrick, St-Alphonse, Ste.-Marie, résidence de Parchevêque. Plusieurs temples apx>arteuant aux différentes sectes protestantes, et plusieurs synagogues.

Les autres villes de la Louisiane sont en général peu importantes. Bâton-Eouge, sur le Mississippi, capitale de la Louisiane, ville de 6,500 habitants, importante par son arsenal et par sa position au-dessus du delta du Mississippi ; Shreveport, sur la rivière Eouge, ville de 4,600 habitants 5 Donaldsonville, jolie petite ville de 2,000 habitants 5 8t.-Francisville, chef-lieu du district de West-Féliciana, entrepôt considérable de coton ; Natchitoches, célèbre pour la culture du tabac ; Jackson, remarquable par son collège; Alexandrie, sur la rivière Eouge; St.-Martinville, sur le bayou Têche ; Thibodaux, sur le bayou Lafourche 5 Monroe, sur la rivière Ouachita ; Opelousas, sur le bayou Bellevue ; Plaquemine, sur le Mississippi.

La Louisiane est divisée en 58 paroisses dont voici les noms : Ascension, Assomption, Avoyelles, Bienville, Bossier, Caddo, Calca-sieu, Caldwell, Cameron, Gatahoula, Clai-

borne, Concordia, De Soto, Est-Bâton-Eouge, Est-Carroll, Est-Féliciana, Franklin, Grant, Ibéria, Iberville, Jackson, Jefferson, Lafayette, Lafourche, Lincoln, Livingston, Madison, Morehonse, Katchitoches, Orléans, Ouachita, Ouest-B âton-Rouge, Ouest-Carroll, Ouest-Féliciana, Plaqueniines, Pointe-Coupée, Rapides, Richland, Rivière-Rouge, Sabine, St.-Bernard, 8t.-Cliarles, Ste.-Héléne, St.-Jac-ques, St.-Jean-Baptiste, St.-Landry, St.-Martin, Ste.-Marie, St.-Tammany, Tangipahoa, Tensas, Terrebonne, Union, Vermillon, Ver-non, Washington, Webster, Winn.

Les lacs les plus importants de la Louisiane sont les lacs Pontchartrain, Maurepas, Borgne, Arthur, des Allemands, Charles, Grand Lac, Catahoula, Bistineau, Verret, Caddo et Cal-casieu.

Les rivières, au nombre de vingt, sont: Amite, Atchafalaya, Bœuf, Calcasieu, Cane, Tchefunctée, Dugdemona, Little, Maçon, Mer-menteau, Mississippi, î^oire, Ouachita, Perles, Rouge, Sabine, Tangipahoa, Tensas, Tickfaw, Vermillon.

Les principaux bayous sont: les bayous Bœuf, Courtableau, Dorchite, des Allemands,

Grand-Cailloux, Grosse-Tête, Lafourche, Pla-quemine, Têche, Terrebonne.

Les principales îles sont : Pîle au Breton, Au Pied, Bird, Caillou, Chandeleur, Coopers, Timballier, Grande-Terre, Maçons, Profit, Sable, Coquille, St.-Jean, Yidal et Yine.

Les baies sont : Barataria, Timballier, At-chafalaya. St.-Bernard et Vermillon.

FIN.

DE UIMPOETANCE

DE UINSTEUCTIOÎî PUBLIQUE.

Si, comme nous devons l'espérer, l'intérêt de l'éducation est compté au nombre des grands intérêts de l'humanité, nous ne croyons point inutile de faire quelques remarquss sur cet important sujet, bien qu'il ait été déjà sou- , vent traité. Il semble en effet que cette grande question de l'éducation doit être résolue; car nous voyons depuis l'antiquité la plus reculée, qu'elle est la préoccupation constante du législateur ; cependant elle est toujours incomplète, elle semble toujours nouvelle, car elle doit se modifier selon les nécessités de chaque peuple, selon les aspirations intellectuelles et morales de chaque génération.

L'éducation élémentaire suffisante il y a vingt ou trente ans, ne saurait répondre aux

besoins de notre époque, où la science dévoile chaque jour à nos yeux de nouvelles merveilles, et nous devons adopter une méthode d'enseignement qui puisse répondre à cet immense désir de savoir, qui s'est emparé de l'humanité. La science n'est plus, comme par le passé, le domaine exclusif de quelques hommes ; elle est descendue des hauteurs qu'elle habitait, pour se mettre à la portée de chacun ; il y a un degré de lumière pour tous les âges de la Aie, et la science i>eut être présentée aux enfants sous forme de causeries, de lectures 5 en leur donnant ainsi les notions élémentaires de chaque chose, on prépare leurs jeunes intelligences aux fortes études des universités.

Les lectures en commun peuvent avoir les plus heureux résultats, lorsqu'elles sont bien dirigées ; la communauté d'impressions et d'émotions développe la pensée et appareille les cœurs. La lecture doit être la première étude ; bien parler est rare, bien lire est plus rare encore ; la pureté de diction ne s'acquiert que par le travail ; elle est indispensable aux personnes bien élevées destinées à briller dans le monde.

C'est l'instruction élémentaire du premier âge qui souvent décide de nos goûts et de

notre avenir ; c'est dans l'âge des premières l)erceptions que nous prenons les habitudes qui ne s'effacent plus de notre esprit ; les souvenirs de l'enfance sont ineffaçables ; les im-l)ressions que nous avons reçues alors, se gravent profondément dans notre mémoire et semblent s'incorporer à notre être. L'intelligence disciplinée de bonne heure, est plus apte qu'une autre à comprendre ce qu'on lui enseigne ; il faut accoutumer l'enfant à se rendre compte de ce qu'il voit, de ce qu'il entend; c'est l'intruction élémentaire qui doit former son jugement; de cette première direction dépend toute l'éducation; souvent les défauts qui ne semblent que des enfantillages préparent la bonne ou mauvaise réputation de l'avenir. On ne saurait donc trop réfléchir sur cette vérité : de l'importance de l'instruction primaire.

La première éducation, celle qui forme les sentiments, ne peut être donnée que par la mère, ou, à son défaut, par une femme ayant connu les joies et les soucis de la maternité. Combien ces premières leçons ont d'influence ! il reste toujours dans notre esprit quelque chose de l'esprit de notre mère ! que d'hommes illustres ont reconnus devoir ce qu'ils étaient

à l'influence maternelle. Bonaparte au sommet de la puissance s'écriait : " l'avenir d'un enfant est l'œuvre de sa mère ; c'est à la mienne que je dois d'être ce que je suis." Après cette éducation toute de sentiment, c'est à l'instruction primaire à développer les qualités du cœur et de l'esprit ; mais il ne suffit pas d'instruire un enfant, pour le rendre capable de tenir une place honorable dans le monde ; il faut encore faire pénétrer dans son cœur l'amour du bien, le désir du savoir ; il faut en lui donnant des leçons d'histoire, de science, lui apprendre à bien penser, à bien écrire, et, par l'étude des grands écrivains, former son goût et lui faire voir, dans la grammaire, autre chose que des mots, mais bien la traduction de la pensée et toutes les nuances de la perfection du langage. Il faut enfin, en dévoilant à ses yeux les splendeurs de la science, lui apprendre à admirer la puissance du di\in auteur de toutes choses, et préparer ainsi cette jeune âme à recevoir les saintes croyances de la religion ; car nous croyons que l'enseignement ne peut que gagner, en s'appuyant sur les pures et douces croyances du christianisme, et nul ne saurait nier la salutaire influence de ses dogmes bienfaisants sur l'avenir des hommes.

La solide instruction élève, agrandit le coeur et Fesprit; elle doit nous inspirer le désir d'acquérir de nouvelles connaissances ; cette pensée doit sans cesse diriger le professeur, car c^est une œuvre sainte et sacrée, que d'instruire un enfant, d'en faire un citoyen utile, et c'est là le caractère essentiel de toute éducation.

L'éducation ne se borne point, d'ailleurs, aux premières leçons reçues dans l'enfance, c'est l'œuvre de toute la vie ; c'est l'aspiration de notre intelligence vers tout ce qui est noble, grand, généreux. A tout âge, dans l'enfance comme dans la vieillesse, aimons, bénissons l'étude, qui élève notre âme dans une atmosphère de poésie, d'art, de science; qui en-tr'ouvre à notre esprit les splendeurs de l'infini ; et qui en établissant sur la terre le règne de l'intelligence, nous a donné le sentiment de notre propre dignité. L. A.

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