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Louisiana Anthology

Joseph Dunn.
“Colleville, le 20 octobre 2012.”

© Joseph Dunn.
Used by permission.
All rights reserved.

Aujourd’hui, on rend visite à 4 soldats louisianais. C’est comme ça qu’ils le disent ici… non pas « se recueillir aux tombeaux, » mais « rendre visite à un soldat. » Beaucoup sont les gens qui viennent les voir. Ils sont environ 1,300,000 par an… plus de 3,500 par jour qui viennent « rendre visite aux soldats. »

Ils sont 9,387 qui continuent à servir ici. Ils disent cela aussi, parce que leur service n’en finit jamais. La moyenne d’âge est de 24 ans. Le plus jeune n’a que 16 ans parce qu’il y croit tellement qu’il a menti au sujet de son âge et a tourné le dos à ses parents afin de pouvoir être ici. Il est à peine plus âgé ou plus jeune que mon garçon à moi. Je réalise que la plupart d’entre eux sont encore des bébés… j’ai envie de pleurer et je n’arrive plus à parler.

Les visiteurs viennent de partout. Il y en a qui sont déjà venus, une, deux, plusieurs fois. Il y en a aussi qui furent « là. » Oui, vraiment « là » à ce moment où ils pensaient que ce serait probablement à la fois leur première et dernière et ultime visite. Aujourd’hui c’est un Anglais de 90 ans avec son épouse, la Manche et les falaises derrière lui, qui raconte à tout le monde son débarquement sur les plages et comment il revient tous les ans depuis 1944.

Il est paisible ici. D’une beauté et d’une symmétrie et de tout ce qu’il n’était pas alors. La guide nous fait faire la connaissance du Sergent John Ray. Sur sa croix blanche on voit inscrit le mot « Louisiane. » Il nous appartient.    

Au coucher du soleil, le Lieutenant-Gouverneur met le drapeau en berne. Le surintendant nous demande qui a fait le service militaire, qui était Scout.

Je le vois descendre, la main sur le coeur, comme à l’école élémentaire. J’en saisis un coin, le tire raid, le plie, une, deux fois. Le mien est le coin du dernier pli, celui que l’on insère dans le triangle.

Ma main droite glisse à l’intérieur, je ressens chaque fil et ondulation, chaque point de chaque étoile que les soldats continuent à servir.

Ma main, enveloppée dans la terre de la liberté, dans la patrie des courageux.


Grave in France
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Source

Dunn, Joseph. “Colleville, le 20 octobre 2012.” Franco louisianais. 25 January 2014. Web. 12 Apr. 2017. <https:// franco louisianais. wordpress. com/ 2014/01/25/ colleville-le-20-octobre-2012/>. © Joseph Dunn. Used by permission. All rights reserved.


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